Portrait en noir et blanc de Charles de Foucauld.

Charles de Foucauld.

Mon Père,
Je m’abandonne à toi,
Fais de moi ce qu’il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi,
Je te remercie.
Je suis prêt à tout, j’accepte tout,
Pourvu que ta volonté
Se fasse en moi,
En toutes tes créatures,
Je ne désire rien d’autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu,
Avec tout l’amour de mon cœur,
Parce que je t’aime,
Et que ce m’est un besoin d’amour
De me donner,
De me remettre entre tes mains sans mesure,
Avec une infinie confiance
Car tu es mon Père.

Charles de Foucauld, Prière d’abandon

Un sanglot rôde et court par-delà l’horizon.
À peine quelques toits font comme un archipel.
Du vieux clocher retombe une sorte d’appel.
L’épaisse église semble une basse maison.

Charles Péguy, Présentation de la Beauce à Notre-Dame de Chartres

Avertie

Chaque fois qu’elle sortait, oppressée, de l’un de ces grands immeubles de verre où l’on croise de tristes messieurs en costume anthracite, elle se rappelait ce qu’il lui avait dit le matin de son départ pour l’île.

Des choses les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous. Ce qui dépend de nous, ce sont nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos aversions, en un mot tout ce qui est opération de notre âme ; ce qui ne dépend pas de nous, c’est le corps, la fortune, les témoignages de considération, les charges publiques, en un mot tout ce qui n’est pas opération de notre âme.

Épictète, Manuel

Tout est prêt, mais ai-je bien le droit de partir ? Constructeur jusqu’ici dans l’imaginaire, conjureur de ces matériaux ; impondérables et gonflants, les mots, — ai–je bien le droit de bâtir dans le monde dense et sensible, où tout effort et toute création, ne relevant plus seulement d’une harmonie intime doivent trouver leur justification dans le résultat, dans le fait, — ou leur démenti sans appel…

Victor Segalen, Équipée

Et cela vit, respire et chante avec moi-même
– Les objets inhumains comme les familiers –
Et nourri de mon sang s’abrite à la chaleur.

Jules Supervielle, Les amis inconnus