Jean-Noël Jouzel – sociologie et santé environnementale

Je note sur mes tablettes et recommande vivement les travaux de Jean-Noël Jouzel. Sociologue, il travaille notamment sur les questions de santé environnementale. Entre autres écrits, il est avec Giovanni Prete (également investi dans le champs de la sociologie), le co-auteur d’un ouvrage consacré à la structuration des collectifs de soutien aux agriculteurs, à partir de l’expérience de l’association Phyto-victimes : L’agriculture empoisonnée. paru en 2024 aux Presses de Sciences Po, que je viens de terminer.

Des nouvelles de Tours !

Guillaume Brachet progresse, et cherche des financements pour passer bientôt de la phase pré-clinique à la phase clinique des essais de la molécule sur laquelle il travaille avec son entreprise, CXS Therapeutics, basée à Tours. Pour motiver les investisseurs, il dévoile un test réalisé sur des rats qui semble indiquer que la molécule qu’il teste a bien un effet neuroprotecteur.

Sur une bicyclette et sur ordonnance

Dans le supplément Science et médecine du quotidien Le Monde du 1er octobre 2025 (archivé ici à toutes fins utiles), un article intitulé « La petite reine contre Parkinson » loue la pratique du vélo pour améliorer les symptômes des personnes atteintes par la maladie de Parkinson, et présente le programme d’entraînement intensif mis en place pour les patients avec Parkinson par Maud Elbel, de l’institut universitaire de réadaptation Clémenceau, à Strasbourg. Ce n’est pas nouveau, mais ça ne coûte rien de le redire.

ETP en bande-dessinée

Au Canada, une infirmière qui exerce en éducation thérapeutique a réalisé une bande-dessinée qui sert de support pour expliquer aux patients en quoi consistent les traitements de seconde ligne qu’on envisage de leur proposer (la stimulation cérébrale profonde, la pompe à apomorphine duodénale ou sous-cutanée).

https://ici.radio-canada.ca/rci/fr/nouvelle/2193352/bande-dessinee-maladie-parkinson-traitement

Avanie et glyphosate sont les vaches à lait de Bayer

C’est juste moi ou bien nous avons un problème ?

En 2016, Bayer a absorbé Monsanto, qui a commencé à vendre du glyphosate (un herbicide total et systémique qui n’épargne que les cultures génétiquement éditées ou modifiées – les OGM – pour lui résister, comme ça, on achète des semences OGM à Bayer, et on utilise son herbicide adoré pour les désherber) et les usines de Bayer continuent à en vomir. Le glyphosate est fortement soupçonné de favoriser l’apparition de nouveaux cas de maladie de Parkinson.

Bayer, via Bluerock et Askbio, qu’il possède, développe des traitements novateurs utilisant la thérapie génique ou encore des cellules souches pour rendre aux malades de Parkinson les neurones qu’on leur a volé… Quand il passe en phase finale des essais thérapeutiques de l’un des traitements qu’il développe, ça fait monter les actions en bourse.

Bayer est le marchand de mouron de la chanson de Boby Lapointe, mais il n’est pas triste : il propose à la fois le mouron et le crottin de mouton : le poison et l’antidote !

Étonnant non ?

Essence ordinaire : de l’hexane dans l’huile et dans nos corps

L’hexane, c’est pas bon, n’en mangez pas.

Un article de S. Foucart dans Le Monde daté du 27 septembre 2025 : « De l’essence dans nos assiettes », ou comment l’hexane s’est retrouvé dans notre alimentation

Version archivée ici à toutes fins utiles.

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Le chagrin sans la pitié : une très sain(t)e colère

Une interview de Fleur Breteau publiée par Mediapart en juillet 2025 : « J’incarne les  conséquences d’un système qui part en vrille ». Propos recueillis par Amélie Poinssot.

Je n’ai pas grand chose à ajouter. Je crois que si on me demandait de donner un titre à ce long plaidoyer, ce serait « Le chagrin sans la pitié ».

Les vrais dangers des pesticides : dossier du Nouvel Obs

Le Nouvel Obs  publie un long dossier consacré aux pesticides et à leur lien avec la santé dans le contexte du débat qui doit avoir lieu à l’Assemblée  Nationale (les députés ont voté en ce sens en commission à la mi-septembre) sur la loi Duplomb après l’examen de la pétition « Pattery » dont c’était l’une des demandes.

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Ce qui nous traverse

J’ai réécouté les 4 épisodes de cette série diffusée sur France Culture et disponible en podcast:

Maladies chroniques : ce qui nous traverse.

J’avais été particulièrement intéressé par l’intervention de Lucile Sergent, elle-même concernée par une maladie rare, et qui prépare une thèse de doctorat en sociologie depuis 2022. C’est dans le quatrième et derner épisode de la série : Quand les malades s’organisent

Lucile Sergent travaille entre autres sujets sur les dynamiques à l’oeuvre dans les associations de patients. Elle a publié en 2023 un ouvrage à ce sujet : Malades en action, démocratie sanitaire en question aux éditions Érès. On peut encore en faire l’acquisition en format eBook (autour de dix euros).

La vie en mouvement

Parkinson, la vie en mouvement, est un nouveau podcast lancé à la mi-septembre. L’auteure en est une personne atteinte par la maladie de Parkinson à début précoce (d’après la présentation du projet livrée dans l’épisode #0). Elle reçoit, dans le premier épisode qui dure une quarantaine de minutes, la kinésithérapeute qui l’accompagne.

Une belle initiative et une belle voix, à suivre (fréquence annoncée : un épisode par quinzaine) !

Débat à venir sur la loi Duplomb : une occasion unique de construire nos choix de société pour le système agricole et alimentaire

La pétition contre la loi visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur dite « loi Duplomb » lancée par Éléonore Pattery dans la torpeur de l’été sur le site de l’Assemblée nationale a créé la surprise en recueillant plus de deux millions de signatures. Faute d’avoir cherché à analyser les motivations des signataires, on ignore ce qui est perçu comme le plus important dans ce texte.

Les choix politiques en matière d’agriculture et d’alimentation ne passionnent pas toujours les français. Les débats à ce sujet se cantonnent souvent à une confrontation entre d’une part les représentants des intérêts des industriels et des producteurs et d’autre part les organisations non-gouvernementales luttant pour la préservation de l’environnement, sous le regard des experts (agronomes, économistes, naturalistes, écologues…) alors que les partis politiques s’emparent du sujet pour conforter et afficher ce qui n’est parfois qu’une posture.

Les questions de santé environnementale suscitent par contre un grand intérêt, peut-être parce qu’elles convoquent la peur et l’émotion plus que la raison. Continuer la lecture

Complaisance de la LCC à l’égard de pratiques thérapeutiques non fondées sur des preuves d’efficacité ou entrisme des médecines dites alternatives ?

Dans l’édition datée du 11 septembre de Marianne, un article pose la question de la promotion et de la légitimation implicites des pratiques thérapeutiques qui ne sont pas assises sur des preuves d’efficacité par la Ligue contre le cancer (LCC), une des associations « de référence » pour des pathologies spécifiques (maladie de Parkinson, sclérose en plaques, etc.).

Réflexologie, kinésiologie, reiki… Quand la Ligue contre le cancer soigne les « médecines douces »

(consultez le texte de la version « print » de l’article archivé ici)

Il s’agit par exemple des « interventions non-médicamenteuses » qui sont souvent le faux-nez de pratiques au mieux sans efficacité, au pire de nature à conduire les patients à renoncer aux traitements et interventions de la médecine basée sur des preuves (celle que les tenants de ces pratiques désignent comme « conventionnelle »).

La LCC a un mode de fonctionnement semblable à celui d’autres associations dans lesquelles on peut observer les mêmes glissements et tentatives de légitimer les pratiques problématiques. Il s’agit souvent d’associations nationales reconnues d’utilité publique qui s’appuient sur des comités locaux. Ces derniers ont une certaine autonomie. J’ai observé vers le mois de juillet une situation de ce type auprès des relais locaux de France Alzheimer et France Parkinson.

Je trouve détestables les manoeuvres des tenants de thérapies parfois fantaisistes pour profiter de la légitimité que leur confèrent les « partenariats » établis avec les relais locaux des associations ou au niveau national, mais je ne juge pas les patients qui y recourent peut-être parce qu’ils n’ont pas trouvé dans les soins offerts par le système de santé le réconfort qu’ils seraient en droit d’en attendre.

Externalités et dette environnementale

La question de la prise en compte des externalités négatives des pesticides en agriculture ou plutôt le peu d’éléments versés au débat sur le système de production alimentaire souhaitable pour les  années et les générations à venir me trotte dans la tête depuis longtemps. J’en ai eu assez vendredi dernier. Quand j’en ai assez, j’écris un billet sur le mode « ça va mieux en le disant ».

Coïncidence amusante, dans Le Monde daté des 14 et 15 septembre 2025, la chronique de Stéphane Foucart aborde ce sujet, entre autres. Bien mieux que moi sans doute (journaliste, c’est un métier…).

Je recommande vivement la lecture de ce texte :

Crise écologique et dette publique.

La version Web est ici (réservée aux abonnés) :

« En aggravant la crise écologique, le mouvement de dérégulation actuel risque, à terme, de faire exploser les comptes publics »

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