Récolter un peu moins de blé, récupérer plus d’« oseille » : un choix payant pour moins d’intrants

Une étude conduite par une équipe de chercheurs du CNRS dans des exploitations agricoles produisant des céréales, dans l’Ouest de la France vient de faire l’objet d’une publication : lire le communiqué de presse à ce sujet (en anglais).

Dans des exploitations conduites en conventionnel comme en agriculture biologique et sur céréales, l’étude tend à démontrer que limiter l’usage de pesticides et d’engrais de synthèse en conventionnel ou la quantité de travail investie au long de l’itinéraire technique en agriculture  biologique conduit à renoncer à quelques points de rendement mais maintient voire augmente les résultats économiques globaux de la culture. Continuer la lecture

Soigner ou rendre malade : nous avons le choix

Dans une tribune au site Web du quotidien L’Humanité le 22 décembre 2025 (que j’archive ici : L’agriculture peut soigner ou rendre malade : il est temps de choisir), Frédéric Apollin, directeur général délégué de l’ONG Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) rappelle les inquiétudes pour la santé humaine et la biodiversité suscitées par le recours massif aux pesticides qu’implique le système de production alimentaire dans lequel les pays industrialisés se sont engagés. Ces inquiétudes sont partagées par les citoyens consommateurs et riverains des parcelles dédiées à l’agriculture, mais aussi par les scientifiques qui voient jour après jour s’accumuler les preuves du caractère nocif à court, moyen ou long terme des molécules utilisées pour obtenir plus d’aliments moins chers mais de moindre qualité nutritionnelle. Continuer la lecture

Pierre Bordage s’en est retourné vers le futur

Dans le quotidien belge Le Soir daté de ce jour, j’apprends le décès de Pierre Bordage, un auteur de science-fiction français prolifique et parfois génial. Bordage souffrait de la maladie de Parkinson depuis plusieurs années. L’article du Soir est archivé ici à toutes fins utiles. Les romans de Bordage sont pour moi un grand souvenir de lectures de jeune adulte, celles qu’on n’oublie pas.

Pesticides et santé publique : les citoyens se mobilisent, mais l’État se trompe de camp

Dans une chronique publiée dans le quotidien La Croix daté du lundi 29 décembre 2025 (que j’archive ici par commodité), Lucile Schmid revient sur le soutien exprimé par de nombreux citoyens à la pétition déposée par Eléonore Pattery sur le, site Web de l’Assemblée nationale au coeur de l’été. Cette pétition demandait l’abrogation de la loi dite « Duplomb », notamment parce qu’elle ouvrait la voie à une réautorisation de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes dont l’utilisation en agriculture avait été interdite en 2018. Des données scientifiques laissaient pourtant penser que ces deux molécules étaient susceptibles d’avoir des effets délétères sur la santé humaine et sur la biodiversité. Le conseil constitutionnel, saisi avant la promulgation de la loi par le Président de la République, avait finalement censuré cette disposition.

Le débat public qui devait se tenir à l’Assemblée nationale à ce sujet (sans qu’il puisse aboutir à une abrogation de la loi) n’a toujours pas eu lieu, mais la mobilisation inédite contre ce texte dans la torpeur de l’été montrait une vive préoccupation du public quant aux dangers des produits pesticides et à leur impact à court, moyen ou  long terme sur la santé.

Lucile Schmid note que malgré cette mobilisation, l’État a pu donner sur plusieurs autres sujets en rapport avec les pesticides l’impression de se ranger du côté des intérêts des industriels.

  • Sommé par la Cour administrative d’appel de Paris confirmant un jugement du tribunal administratif de procéder à la réévaluation des conditions de mise sur le marché et d’utilisation de nombreux pesticides, l’État, en la personne de Mme Genevard, ministre de l’agriculture, décide de se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État, avec les représentants des intérêts industriels.
  • La Commission européenne, sous couvert de simplification réglementaire, présentait au parlement à la mi-décembre le projet de paquet « Omnibus VII », dont certaines dispositions exonèreraient si le texte restait en l’état de nombreux produits dont certains sont problématiques d’une révision périodique de leur autorisation de mise sur le marché, révision qui devrait normalement permettre de prendre en compte dans l’avenir les données scientifiques les plus récentes quant au caractère potentiellement nocif de ces molécules. Là encore, les institutions européennes semblent donner raison aux industriels qui fabriquent et vendent ces pesticides.

En filigrane, c’est la question des externalités positives et des externalités négatives de l’usage des produits phytosanitaires que pose cette chronique : quand la Commission européenne allègue que la « simplification » (ou plutôt la déréglementation) fera économiser un euro aux industriels, combien d’euros supplémentaires coûtera-t-elle aux assurés sociaux et globalement aux systèmes de santé lorsqu’il faudra rendre en charge plus de maladies et plus de malades fauchés par les effets délétères de ces molécules ?

Lucile Schmid s’interroge en conclusion sur la proximité surprenante entre les dirigeants publics et les dirigeants économiques dans ce domaine.

Dermatose nodulaire contagieuse, pesticides et paysans en colère : pour qui ces ignobles entraves ?

Que veut cette horde d’esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ?
Français ! Pour nous, ah ! Quel outrage !
Quels transports il doit exciter ;
C’est nous qu’on ose méditer
De rendre à l’antique esclavage !

C’est le second couplet de La Marseillaise, n’est-ce pas ?

La mobilisation d’agriculteurs français à l’appel de la Confédération paysanne (CP) d’une part et de la Coordination rurale d’autre part ne m’a pas échappée. Ils tentent (parfois ensemble) d’infléchir les conditions de l’accord de libre-échange que le Mercosur et l’Union européenne s’apprêtent à signer et manifestent leur mécontentement quant au protocole appliqué par l’État pour lutter contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), cette maladie virale qui affecte les bovins. Les agriculteurs en colère refusent l’abattage total des troupeaux dans lesquels un cas est détecté.

Cette grogne des agriculteurs dure depuis la fin de l’automne 2025. Continuer la lecture