Dermatose nodulaire contagieuse, pesticides et paysans en colère : pour qui ces ignobles entraves ?

Que veut cette horde d’esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ?
Français ! Pour nous, ah ! Quel outrage !
Quels transports il doit exciter ;
C’est nous qu’on ose méditer
De rendre à l’antique esclavage !

C’est le second couplet de La Marseillaise, n’est-ce pas ?

La mobilisation d’agriculteurs français à l’appel de la Confédération paysanne (CP) d’une part et de la Coordination rurale d’autre part ne m’a pas échappée. Ils tentent (parfois ensemble) d’infléchir les conditions de l’accord de libre-échange que le Mercosur et l’Union européenne s’apprêtent à signer et manifestent leur mécontentement quant au protocole appliqué par l’État pour lutter contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), cette maladie virale qui affecte les bovins. Les agriculteurs en colère refusent l’abattage total des troupeaux dans lesquels un cas est détecté.

Cette grogne des agriculteurs dure depuis la fin de l’automne 2025.

Il est savoureux d’observer les postures convergentes des deux syndicats qui sont en général considérés comme situés très à gauche (CP) et très à droite (CR) et, au passage, leur demande de plus d’intervention de l’État pour éviter des distorsions de concurrence entre les producteurs des pays de l’Union.

Il est tout de même surprenant que certaines de ces voix aient chanté les louanges de la loi Duplomb et soutiennent la « simplification » quant aux conditions de mise sur le marché de produits pesticides dont le caractère potentiellement nocif pour la biodiversité et pour la santé humaine est conforté par des études scientifiques de plus en plus nombreuses.

L’Europe fait rien qu’à nous entraver quand on doit sortir et remplir nos pulvérisateurs, mais lorsqu’un vilain virus nous menace, on en appelle à une intervention ferme de cette même Europe pour appliquer aux autres pays de l’Union les mêmes contraintes réglementaires.

Quant à ceux qui s’inquiètent des risques que fait courir l’utilisation massive de pesticides, il leur reste à entrer dans l’illégalité (qu’ils nomment parfois désobéissance) pour aller chatouiller les doigts de pied de fabricants des produits honnis, renvoyer par la poste à la Commission leur camelote délétère et dire le désir de certains producteurs de voir une autre agriculture advenir, pour le bien et la santé de tous.

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