Thomas Loury – Micro-économie et conseil de gestion des exploitations agricoles au sud du Tchad

Cette page donne des détails sur ma première expérience professionnelle , entre 1996 et 1998. Pour revenir à la la description de l’ensemble de mon parcours professionnel, cliquez ici.

1996-1998 : chercheur en conseil de gestion des exploitations agricoles à Bébédjia, au sud du Tchad

Pour mon premier poste, j’ai été détaché par le ministère de l’agricuture auprès du ministère chargé de la coopération pour être mis à disposition du centre international en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).

J’étais chercheur en conseil de gestion des exploitations agricoles dans le sud du Tchad, près de Moundou, dans le Logone oriental, sur la station de recherche cotonnière de Bébédjia, une ancienne station de recherche coloniale, opérée alors par le centre international en recherche agricole pour le développement (CIRAD).

La station était en mutation, elle devait être transférée aux autorités tchadiennes, ce qui introduisait des difficultés de fonctionnement et une grande perplexité de la part des chercheurs tchadiens qui redoutaient une sorte d’abandon par le CIRAD et soupçonnaient ce dernier de laisser la situation de la station se dégrader pour justifier une cession dans des conditions défavorables pour les chercheurs.

Mon activité se déployait dans le champ de la micro-économie : Je ne suis pas spécialiste du coton, et je n’ai jamais approfondi des sujets comme par exemple la question des choix variétaux, de la maîtrise des ravageurs ou des technologies permettant de traiter efficacement la fibre pour qu’elle soit valorisée au mieux pour en faire des tissus, mais le coton dans cette région du Tchad, comme d’ailleurs dans les pays voisins (Cameroun, Mali, etc.) dans lesquels il a été introduit et développé dans un contexte colonial, sous la forme d’une filière intégrée. Une société cotonnière (au Tchad, c’était alors la COTONTCHAD) dont l’État est généralement actionnaire majoritaire fournit aux agriculteurs sous contrat avec elle les semences et les intrants (comme les engrais) en les préfinançant, et à la récolte, elle leur achète le coton et en retire la graine pour l’introduire dans la filière de production de textiles, qui est généralement à l’extérieur du pays concerné. Pour schématiser à l’extrême, on produit, le coton au Tchad, on l’égrène au Tchad, on le file et on le transforme en tissus en Chine ou ailleurs en Asie, on le transforme en vêtements et on vend les vêtements un peu partout dans le Monde.

Les paysans du Tchad, comme ceux des autres pays où cette culture a été introduite, ne mangent pas de coton : personne au Monde ne mange de coton, ou presque !

Pour ces paysans et leur famille, le coton est une culture de rente qui leur permet de récupérer de l’argent. Avec cet argent, ils peuvent acquérir les biens et les denrées qu’ils ne produisent pas eux-même. La société cotonnière leur fournit en principe un « prêt à produire », du semis des graines de coton à la récolte prête à être collectée. La manière dont les paysans, en fonction de leur capacité d’investissement, de la disponibilité de la main d’oeuvre pour travailler la terre et la manière dont ils arbitrent lorsqu’il s’agit de décider de l’allocation des moyens de production dont ils disposent à telle ou telle partie de leur activité est un objet d’étude important pour la société cotonnière, qui cherche à s’assurer la possibilité de collecter le maximum de coton de la meilleure qualité possible. C’est aussi, en analysant les exploitations en tant que systèmes de production, un outil précieux pour aider les paysans à faire ces arbitrages, sous la forme de conseils facilement mobilisables et adaptés aux différents types de situations des exploitations familiales et à leur environnement.

Je participais à un projet dit de gestion de terroir avec deux collègues chercheurs tchadiens et au sein duquel je devais travailler sur le développement de ces outils de conseil aux agriculteurs.

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